Jack in the Box Festival : un rendez-vous convivial et défricheur

En l’espace de 5 éditions, le Jack in the box Festival est devenu un incontournable dans la région Sud pour tout amoureux de musique électronique. Avec chaque année des line-up pointus et des exclus qui font rêver, on nous attendait au tournant pour cette nouvelle édition. Bilan de 3 jours de douce folie.

Jour 1 : Découverte et convivialité

Une fois arrivés sur le site la réputation du festival n’a pas été mise à mal, bien au contraire, l’organisation était comme d’habitude parfaite, à savoir pas de longue queue à l’entrée ni au bar, une signalétique claire, une team aux petits soins et un système son adapté aux centaines de personnes présentes.

Nous arrivons rapidement aux grandes tables de la friche et leur superbe terrasse qui nous fait déjà des appels du pied vu la nervosité du mercure en cette fin du mois de juillet. Nous ne faisons donc que la longer afin d’atteindre le point de départ du festival, la conférence de Jean Yves Leloup au « petit plateau » sur l’histoire de la techno.

Ancien rédacteur en chef de Coda (mensuel techno français précurseur apparu en 1993) commissaire de l’exposition Electrosound, DJ et artiste sonore, écrivain, journaliste et critique spécialisé en musique électronique, Jean Yves Leloup a également été l’un des premiers à tracer un lien entre art vidéo, art contemporain et techno à travers quelques expositions, dont la plus récente laconiquement nommée  » Electro » à la philharmonie de Paris qui a reçu la visite de Laurent Garnier, Jeff Mills ou encore Kraftwerk. 

Dans cette conférence il a pu nous exposer les disques essentiels de la dernière révolution musicale -entre tubes, raretés et nouveautés -, qui connaissent une étourdissante seconde jeunesse depuis quelques années. S’en suit une Présentation de l’évolution, des usages, des courants et des esthétiques de la techno à travers ses instruments et ses technologies. Pour finir avec l’épopée de la techno actuelle, depuis sa naissance dans les ghettos américains jusqu’à son explosion dans les métropoles européennes, la culture des clubs et des « raves ».

S’en suit une séance de dédicaces fort plaisante ou l’on a pu discuter directement avec ce grand passionné qui se trouve être une véritable mine d’informations et d’anecdotes sur l’histoire du genre.

Fin de l’échauffement, on commence le déambule par le fondateur du festival Jack2Mars, qu’on sait très pointu sur ses sélections. On nous annonce une première partie exclusivement ambient : la mise sur les rails est aérienne et planante, on n’est pas déçus !

S’en suit naturellement le concert d’Apparat, la sensation pop électro de l’année, qui joue son nouvel album LP5 en exclusivité pour le Festival Jack in the Box. Sasha Ring de son vrai nom, après avoir écumé les plus gros stages ces dernières années en tant que moitié de Moderat revient sur scène avec un nouveau groupe composé de 5 musiciens. Un long filet de fumée s’échappe de la scène, la brume s’épaissit pour annoncer l’entrée sur scène des artistes.

Les quelques notes de guitare nous aspirent dans ses nappes brumeuses et froides, c’est beau, on est déconnecté du monde et ça fait du bien.  Sa musique nous surprend dans un premier temps, puis ce sentiment nous ravie, comme si l’on accédait à un nouvel univers.

 

apparat jack in the box festival

Bref on a passé une superbe soirée, et ce n’est que le début !

Jour 2 : délicatesse et volupté

jack in the box festival

Le lendemain on arrive doucement, on monte les 4 étages qui nous séparent du toit-terrasse de la Friche Belle de Mai, et l’on redécouvre cet immense espace, 8000m² de chill absolu sous le soleil phocéen. Jack de Marseille en ouverture suivi du toulonnais Elijah, ils n’hésitent pas à nous sortir les plus belles pépites de leur bac à vinyles pendant qu’on se pose sous les UV.

Certainement la plus joviale et dansante, la scène du toit-terrasse est un vrai melting-pot ou enfants en bas âges, jeunes, parents et vétérans de la nuit se retrouvent aisément pour quelques pas de danse effrénés.

jack in the box festival

 

SYROB prend le relais avec une sincère aisance et maniabilité des platines, il nous fait décoller avec une dizaine de BPM en plus et des vibes tout aussi colorées. C’était du très très lourd, il nous a placé des classiques aux bons moments et des découvertes qui nous ont fait voltiger. Ce n’est qu’à la fin de son set que l’on se rend compte que le toit terrasse a littéralement été envahi par une foule de festivaliers venant danser dans les nuages.

Le vendredi, au JITB, quand on descend les étages on monte un peu plus en pression.

Arrivés au Cabaret Aléatoire, (ou l’on est accueilli par une distribution massive d’éventails) c’est sur un fond de light show phénoménal, que Jack De Marseille donne le top départ.

Il nous produit un set exceptionnel qui met rapidement le feu au dancefloor avant l’arrivée de la jeune prodige serbe TIJANA T.

Il est 2h du matin, le Cabaret Aléatoire est plein à craquer, les raveurs sont déchaînés et Objekt prend le relais ! Révélation de l’année 2018, déjà considéré par ses pairs comme le DJ surdoué de la techno UK, le mec a juste été impressionnant de dextérité. On en reste sans voix …

Dans les festivals, les performances live se retrouvent trop souvent cantonnées à la journée ou au début de soirée ; et la nuit tombée, difficile d’échapper à l’injonction des sets « dancefloor ». Des évènements à deux temps, en somme.

Mais pas de ça ici.

La nuit, on a pu se prendre la déflagration du live de « GEINST » en pleine figure comme pour annoncer l’ouverture de la porte des enfers avec le closing incroyable de DJ Hell sans aucune fausse note.

A 6h du matin la cathédrale techno marseillaise est une vraie fournaise remplie de danseurs surmotivés mais pas de bol, c’est déjà l’heure de rentrer se coucher…

Jour 3 : Sauvage et mémorable 

Avec beaucoup de courbatures on se réveille – tard certes – et on se motive tant bien que mal à entamer cette dernière soirée de festival.

Une fois arrivé sur le toit-terrasse, on mange, on s’hydrate mais surtout on danse et on sourit. Maintenant qu’on est bien échauffé (et nos visages bien rouges), nous partons sans transition direction la piste de danse menée par Fanny Vincent.  Membre du collectif féminin Ovairedose, pour elle, l’engagement est simple : rassembler massivement dans la danse, avec, autour et sur de la bonne musique. Pari tenu !!!

Nous arrivons enfin au point culminant de ce week-end déjà bien entamé, avec le retour de Jack de Marseille avec un set magistral. Comme un appel à la cavalerie son set a rassemblé tout le toit terrasse sur la piste de dance avant de les guider petit à petit direction l’antre du Cabaret Aléatoire.

On se rend vite compte que la fête a déjà repris avec SYROB aux platines qui est rejoint par le maitre de cérémonie fraichement descendu du toit.

On ne sait plus où donner de la tête. Les échos des tracks plus entrainantes les unes que les autres nous rendent nos heures de sommeil manquées et les dj’s savent la raison pour laquelle ils sont venus : nous envoyer du très lourd.

La ferveur est belle est bien présente, les papillons de nuit sont en pleine activité et gigotent pour l’arrivé de SCUBA, qui envoie une vraie déferlante techno, ravageant tout sur son passage.

Il est rejoint par Anthony Rother, une vraie légende de la techno allemande qui nous aura tous ébahi par la justesse de son set hybride.

Il cède la place à 5h du matin au duo Duplex qui va clore ce festival de la plus belle des manières, sur un morceau de Drexciya, qui fait écho aux sources de la techno épluchées par Jean Yves Leloup, la boucle est belle et bien bouclée !

 

Le Jack in the Box festival s’est très vite imposé comme un événement incontournable dans le paysage des musiques électroniques, et pas seulement à l’échelle régionale. Avec des line-up associant pointures internationales exclusives, selectors nationaux intemporels et producteur locaux hyperactifs, il donne la possibilité à tous – néophytes comme experts – de (re)découvrir toute la palette oscillant entre house et techno. De plus, la façon dont ils investissent les lieux (scénographie + jeux + goodies)  n’est pas à exclure de leur réussite !

 

Jack in the Box Festival est définitivement de ces festivals où l’on retourne les yeux fermés chaque année.

Crédit Photo : Joffrey Wingrove