Surgeon « Le plus grand paradoxe c’est combien la scène techno est conservatrice alors qu’elle se présente comme une forme expérimentale de la musique. »

surgeon cabaret aléatoire TWO interview

Nous avons discuté avec le pionnier de la musique électronique au UK Surgeon en amont de sa venue pour la première fois à Marseille vendredi 21 Septembre à la TWO, soirée d’opening de rentrée du Cabaret Aléatoire en collaboration avec Paradox. L’interview complète est à retrouver en anglais sur le site de Paradox.

 Quels artistes ou labels ont attiré ton attention en 2018 ? 

Je découvre toujours beaucoup de musique que je n’ai pas entendu auparavant, ou que je n’ai pas connecté quand je l’ai écouté la première fois. Sarah Davachi, Stephen Lopkin, Darkthrone, John Abercrombie, Joe Byrd and the Field Hippies, Organic Dial…

Te voir jouer avec Lady Starlight à l’ouverture du concert de Lady Gaga est quelque chose de remarquable pour la carrière d’un artiste techno. Tu as discuté de cette expérience comme une volonté de « casser les frontières artistiques ». Est ce que cela induit un engagement politique de ta part ?

Oui, on peut voir cela comme un engagement politique. Je crois fortement qu’on ne devrait pas suivre les règles ou les structures dirigeantes aveuglément, dans aucun cas. Bien souvent c’est une action invisible, on les suit sans même s’en rendre compte.

Ce n’est pas une question de casser les codes juste pour le plaisir, mais de les considérer et d’établir une décision consciencieuse.

Un des plus beaux accomplissements de ta carrière est le duo avec Regis, British Murder Boys. Peux tu nous dire comment as-tu rencontré Karl O’Connor ?

Mick Harris m’a introduit à Karl en 1994 comme quelqu’un d’intéressé pour produire ma musique. Même s’il était allé dans beaucoup de clubs de Birmingham où j’ai mixé dans les années 90, nous ne nous étions pas rencontré avant que Mick nous introduise.

Le live enregistré à Tokyo en 2013 était supposé être la dernière performance avec Regis. Qu’est ce qui vous a motivé à rejouer ensemble en live ? 

Nous avons senti que le travail était incomplet, nous avons tous les deux un bon sentiment sur le fait de rejouer ensemble. Jouer en live, plutôt qu’un duo de DJ, comme nous l’avions fait à l’origine du projet.

Ton dernier album Luminosity Device s’inspire du livre tibétain des morts. Est-ce que cet album a pour objectif d’être utilisé pour une expérience chamanique ou est-ce qu’il est lui même une expérience chamanique ?

C’est plus une représentation d’une expérience psychédélique. La plupart des titres des morceaux sont inspirés du livre L’expérience Psychédélique de Timothy Leary, lui-même basé sur le Livre tibétain des morts.

 Est-ce que tu penses souvent à la vie après la mort ?

Je pense que nos atomes retournent à la Terre.

Récemment tu as fait équipe avec Daniel Beans pour The Transcendence Orchestra. L’approche ici serait d’utiliser la musique comme média pour des rituels. Est ce que tu penses que le club est un espace pour établir une connexion spirituelle entre les personnes? 

Cela peut. Beaucoup, beaucoup de phénomènes arrivent dans le même espace-temps. Par exemple, sur la même nuit dans un club une personne peut être ivre, se battre, et vomir. Un autre peut tomber amoureux, et encore un autre peut avoir une expérience transcendante qui changerait le cours de leur vie.

Est-ce que tu as personnellement eu des expériences religieuses ou chamaniques ? Si oui, qu’est ce que tu as le plus aimé ? 

Oui, j’en ai eu quelques-unes.  C’est une expérience très importante qu’on peut décrire comme terrifiante. Ce n’est pas vraiment quelque chose que où je pourrai utiliser le mot « aimer » pour le décrire.

Tu as grandi dans une petite ville près de Birmingham, et on dirait que Brum est là où tu as eu ta première expérience musicale. Pourquoi penses-tu que Birmingham a un riche background musical ?

J’ai grandi dans un petit village en dehors de Northampton et j’étais obsédé par la musique depuis très jeune. Je ne suis pas sûr exactement pourquoi Birmingham a un riche héritage musical. Ce qui est sur c’est qu’il y a un sens de l’humour auto-dérisoire très noir avec une éthique forte de DIY.

Quand on veut en savoir plus sur la techno de Birmingham, ce qui vient par la suite est le concept de soirée The House of God, là où tu as été résident pendant des années. Qu’est ce qui les rende si spéciales ?

Je suis toujours un résident de The House of God après 25 ans.

Depuis le début, ces soirées sont un refuge pour tous les hippies, les bizarres et les proscrits. Il y a une énergie unique et une atmosphère que je n’ai jamais retrouvé ailleurs. 

J’imagine que toutes les interviews parlent de ton inspiration artistique absolue. On ne fera pas d’exception, car le groupe doit être mis en lumière pour nos lecteurs. Quel est le premier morceau de Coil que tu recommanderais et pourquoi ?

C’est impossible pour moi de prendre juste une track, même un album. Leur spectre musical est trop large. Tu pourrais commencer par les albums suivants :

Horse Rotorvator

Love’s Secret Domain

Worship he Glitch

Black Light District

Time Machines

Music To Play In The Dark Vol.1

Comme tu as pu le constater, les hommes sont plein de paradoxes ! Qu’est ce que tu pourrais décrire comme paradoxal dans la musique électronique ?

Pour moi le plus grand paradoxe c’est combien la scène techno est conservatrice alors qu’elle se présente comme une forme expérimentale de la musique.

Retrouver Surgeon pour la première fois à Marseille Vendredi 21 Septembre avec DVS1 !