Interview d’Oxia : « Il faut savoir un peu plus que mixer, savoir aussi sentir les gens, l’énergie »

oxia interview cabaret aléatoire

Nous avons interviewé Oxia à l’occasion de sa venue au Cabaret Aléatoire le samedi 3 novembre où il partage le line-up avec Monika Kruse, artiste homologue allemande, puisqu’elle fait figure de pionnière du mouvement électronique outre-rhin.

1/Il y a un an tu ouvrais la saison 3 des Clubs Cabaret sous le signe d’un sold out, que gardes tu comme souvenir de cette soirée et de notre salle ?

Sincèrement je garde un excellent souvenir de cette soirée, je me souviens que la salle s’est remplie très tôt et que les gens étaient supers chauds, donc l’ambiance était terrible, et je me suis vraiment fait plaisir. La salle et la configuration sont vraiment cool. Donc je suis content de revenir cette année.

2/Cette fois tu partages le line-up avec Monika Kruse, vous vous êtes déjà croisés sur des scènes, quel est ton rapport à son travail ?

Oui on se connait depuis très longtemps avec Monika, j’ai signé un EP sur son label Terminal M il y une quinzaine d’années. Et on a joué plusieurs fois ensemble, mais la dernière fois remonte à quelques années, donc ravi de la retrouver. C’est une artiste que j’apprécie vraiment, elle a une très belle énergie.

J’ai toujours la même passion et la même envie qu’au début

3/ Cela fait des années que tu es sur scène comment vis-tu ta position de pionnier ?

Oui cela commence à faire longtemps, et je ne me suis jamais vraiment posé la question de comment je vis ma position de pionnier, peut-être car je n’en ai pas vraiment conscience, et peut-être parce-que j’ai toujours la même passion et la même envie qu’au début du coup je n’ai pas l’impression d’être un pionnier. Les seuls moment où je m’en rend compte, c’est quand les gens qui on une trentaine d’années ou un peu plus me disent « j’écoutais déjà tes sons il y a 15 ans » et certain artistes de la même génération me disent que je les ai pas mal influencé quand ils ont commencés, et ça me fait toujours plaisir d’entendre cela.

Le premier EP d’Oxia avec Kiko « Parametres » sorti sur Ozone Records en 1995 

4/ De ton point de vue, quel a été l’élément déclencheur de l’explosion de la musique électronique ?

Je ne sais pas vraiment si il y a réellement eut un élément déclencheur, je pense que cela s’est fait progressivement. C’est vrai qu’il y a eu les premières soirées début des années 90 avec toutes les interdictions et problèmes, comme tout nouveau courant musical cela faisait un peu peur au gens, mais cela a perduré quand même. Puis au début des années 2000 ou un peu plus tard, beaucoup ont dit que le mouvement s’essoufflait et qu’il n’allait pas durer et peu de temps après cela explosait effectivement encore plus, les nouvelles générations ont suivi et nous sommes toujours là toutes ces années après. Mais je ne sais pas vraiment comment l’expliquer, c’est comme ça.

5/ L’évolution de la scène a été explosive ces dernières années, tant d’apprentis djs tant de nouveaux systèmes qui rendent accessible le mix, comment tu vis cette nouvelle scène ?

C’est vrai que cela s’est de plus en plus démocratisé, et de plus en plus de jeunes se sont mis à mixer, soit pour en faire leur métier, soit juste pour s’amuser chez eux entres potes, c’est devenu un hobby comme n’importe quel autre, et je trouve ça cool.

C’est certain que c’est différent de l’époque ou j’ai commencé, c’est devenu moins compliqué.

C’est vrai qu’il y a certain djs de ma génération qui ont vu ça un peu d’un mauvais œil, mais c’est l’évolution, et c’est ce qui fait peut-être aussi un peu que nous soyons toujours là, car il y a une nouvelle génération qui s’est intéressés à cette musique et à ce qui s’est aussi passé avant

Après c’est vrai qu’il y a parfois certain jeunes qui pensent que parce-qu’ils savent enchaîner deux tracks, ils peuvent devenir dj et tourner partout, mais ce n’est pas aussi simple, car il faut savoir un peu plus que mixer, savoir aussi sentir les gens, l’énergie, avoir de l’originalité et ne pas juste enchaîner des tracks.

6/ Oxia dans 10 ans ca donne quoi ?

C’est une très bonne question, pas mal de grand djs comme Carl Cox, Sven Vath, Laurent Garnier… ont plus de 50 ans, donc j’ai encore un peu de marge 🙂 Mais sincèrement je ne sais pas, tant que j’ai la même passion et et que j’ai la possibilité de tourner, je continuerais. Après c’est clair que je ne vois pas tourner comme je le fait maintenant jusqu’à 65 ans. Mais du coup on verra d’ici là !

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