[ITW] daWad : « Je marche à la sensibilité, un truc me touche : j’adhère »

daWad

Fierement signé sur Beachcoma, le marseillais daWad a eu la bonne idée d’inviter deux des fondateurs du label – Fairmont et Sid le Rock – au Club Cabaret ce vendredi. On a parlé de cette connexion, de son parcours et de la scène locale avec lui.

Tu as d’abord intégré le conservatoire avant d’enfiler les casquettes de bassiste, chanteur et songwriter dans un groupe noisy-pop. Puis tu as découvert les musiques électroniques… Dans quel contexte ?

Un contexte très 90’s à vrai dire… Vu que j’avais déjà 15 ans à l’époque. Donc je me suis fait approcher par des sons types Chemical Brothers, Prodigy… Après le truc c’est que j’avais déjà un faible pour ces sonorités mais sans vraiment le comprendre. J’écoutais et j’écoute encore beaucoup de cold wave/new wave. Un truc comme Joy Division, ça en a pas l’air comme ça mais pour moi c’est très électro dans le traitement à la prod, surtout les drums, le côté martial, les synthés … Bauhaus aussi utilisait des sons chelous électro (écoute « Spy in the Cab » tu vas capter de quoi je parle), Trisomie 21 pour la France, puis vint Front 242, Nitzer Ebb… J’ai compris assez tard que tout ça c’était des machines qui traitaient ces sons qui m’arrivaient droit dans le coffre.

Pour le côté purement techno les années 95/97 ont été décisives pour ma part, avec Daft Punk et le festival Boréalis à Montpellier. Ce fut les années claques.

Tu te décris toi-même comme « un véritable rat de laboratoire qui passe son temps à explorer le son des machines ». Tu te considères d’abord comme un producteur, puis un DJ ?

Oui complètement producteur. A 12 ans je bricolais déjà avec magneto et un petit Yamaha PSR que j’avais eu pour Noël … J’ai commencé à passer des disques tard – j’oublie le coup de passer d’une platine cd à une autre dans les fêtes de salon des pote – j’ai eu mes premières platines vers 25 ans. Ne me fais pas l’affront de me demander l’année à laquelle cela correspondait. Après j’adore jouer, mais je suis pas très bon, juste ce qu’il faut pour qu’on s’amuse correctement.

daWad

Est-ce qu’il y a une certaine forme de discipline dans ta pratique, avec des processus que tu t’appliques à répéter ?

En terme de production, le schéma est simple. Si j’ai au moins 2 heures de temps devant moi je m’y colle. Sinon c’est pas la peine, le temps passe à une vitesse quand tu bidouilles de la musique… Et le truc c’est que tu es le seul à ne pas t’en rendre compte. Ensuite, pour la création c’est comme ça vient, selon l’humeur. Si y’a un processus que je répète dans ma façon de bosser c’est l’écoute finale: Iphone, soundcould, écouteurs de base, ma voiture, club si possible, mon salon, mon macbook sans système d’écoute autre que ces fichus haut parleurs. Si ça passe dans cette chaine, ça passera partout. En terme de live: je répète beaucoup avant un gig, je veux l’avoir complètement sous les doigts. Une fois libéré de l’aspect « par cœur », là tu t’amuses. Et c’est le plus important. Et je répète beaucoup vu que j’actualise très souvent mon live.

Vous êtes plusieurs à produire des morceaux étiquetés « dark disco » à Marseille, très synthétiques , deep, mélodiques, teintés de nostalgie – je pense notamment au label de la Dame Noir. Vous échangez beaucoup entre vous ? Est-ce qu’il y a une certaine forme d’émulation ?

Et tu as bien raison. La Dame Noir c’est le moteur dark disco à Marseille et worldwide (j’exagère je sais), mais pas que, ces mecs sont aussi très funk/reggae/hiphop/newwave. Ils se complètent super bien, Phred a un penchant reggae, Yann a un peu le même background que moi cold wave/new wave…On est tous supers potes, mais y’a t il une émulation? Je sais pas. Je pense qu’ils sont plutôt une caution, c’est la caution Marseillaise. C’est en partie grâce à leur boulot qu’on peut signer chez des espagnols, des anglais, des allemands… Je parle pour Amevicious, Sarah Zinger, Cravero, Did, Fkclub…
Signer sur la Dame Noir c’est franchement un gros truc. Mon track « Dancing delight » sur la compile 2015 était en exclu chez Colette, en exclu download sur XLR8R, le choix mixmag etc… En terme de visibilité ça t’apporte beaucoup. Bref on va encore me traiter de fayot mais j’adore ces mecs en tant que DJs et patrons de label, club, bar.

« Quand tu reçois un message de Fairmont et Pan/Tone qui te dit « on adore »… Ben tu continues à faire de la musique avec confiance. »

Je marche à la sensibilité, un truc me touche: j’adhère. Perso ce que je sais c’est que j’ai commencé à ralentir mes prods vers 2013, et j’ai bien respiré. Je sais pas y’a un truc plus lourd dans le fait de ralentir, une bonne basse disco à 110 voir 100 ça casse tout. C’est comme ça. Maintenant je ne m’enferme pas complètement dans un style, regarde mon EP chez Beachcoma, y’en a pour tous les goûts. « Motor » est complètement dark disco j’assume, mais « Ike » est plus disco/newwave et « Malahim » deep techno. Ma version du live pour vendredi d’ailleurs est plus à 120 qu’à 115. C’est pas le même que j’ai joué à la Dame Noir récemment par exemple.

J’ai un autre alias en cours de naissance, ça s’appelle I(d)8U j’ai posté 2 trucs en demo, un peu plus house.

Comment s’est faite la rencontre avec le crew Beachcoma ?

Je connais Fairmont depuis un moment, on l’avait déjà booké pour des soirées IRM notamment les 4 ans au Cabaret justement, quel souvenir… J’ai rencontré Sheldon (Sid le rock) à Oogie quand Greg (le Roy) l’avait fait venir pour un fameux jeudi. Il me connaissait de nom, on a bien rigolé et voilà. J’ai envoyé les démos, ils ont tout de suite aimé alors c’est sorti sur leur label. C’était une grande satisfaction et fierté pour moi. Ces mecs-là, c’est pas n’importe qui non plus. Quand tu reçois un message de Fairmont et Pan/Tone qui te dit « on adore »… Ben tu continues à faire de la musique avec confiance.


Club Cabaret x Beachcoma w/ Fairmont (live + DJ set), Sid le Rock (live + DJ set) et daWad (live + DJ set) ce vendredi 21 Avril au Cabaret Aléatoire, 23h – 5h

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Sur place 10€