[Story] L’acid techno contée par Jack de Marseille

acid

La venue des nouveaux rejetons de l’acid music Boston 168 est l’occasion de retracer l’histoire du style. Comment est-il né ? Quel impact en France ? Comment a-t-il évolué ? L’expert local Jack de Marseille vous raconte !

Les débuts

Tout part de cette bassline créée par DJ Pierre … C’était en 1987 avec le morceau Acid Tracks sur le label Trax. DJ Pierre a eu l’idée de toucher les filtres de son synthé TB-303 et ça a donné un son bien spécifique. A la base c’est un synthé pour faire des basses qui devait remplacer le piano électronique mais son usage a été détourné, c’est un truc tout con, du hasard et de l’expérimentation. Un peu comme les Disc Jokeys qui ne touchaient pas les fréquences à la base : ils parlaient au micro mais ils n’avaient pas eu l’idée de toucher aux bass, aux medium et aux aigus pour donner du relief à un mix.

On s’est mis à parler de « l’acid house de Chicago » suite à ce morceau, mais on retrouvait aussi dès 1987 ce son acid – avec un grain différent – dans certains morceaux des gars de Detroit qui formeront plus tard Underground Resistance. Le son va rapidement s’étendre à l’Allemagne et à l’Angleterre avec le mouvement rave. A l’époque il y avait vraiment tout un univers autour, les sifflets, les bandanas, l’ecstasy, le poppers … Par contre ça m’étonnerait que le nom acid soit une référence au LSD, on ne disait même pas « des acides » à l’époque, mais seulement « LSD ».

L’acid depuis la France

J’avais déjà pris deux claques au début des années 1980 avec l’electro-funk et le hip-hop mais quand j’ai découvert l’acid je me suis dit « qu’est-ce que c’est ce truc-là ?! », comme quand certains découvrent le heavy metal. J’ai eu une révélation, j’étais époustouflé et j’y suis devenu addict tout de suite. C’est dur de se l’imaginer mais à l’époque il y avait plein de sons dans les musiques électroniques qu’on ne connaissait pas, et qui sont maintenant rentrés dans les mœurs.

ID Acid

En 1987/1988 j’achetais un peu de disques mais je n’étais pas encore DJ, je lisais surtout les magazines comme ID et The Face où l’on voyait des photos du mouvement Rave en Angleterre : les foulards, les bandanas, les t-shirts avec les smileys … C’était vraiment un mouvement happy. Je me basais sur les chroniques de journalistes pour acheter mes disques et c’est comme ça que j’ai découvert l’acid.

 

Au début on en écoutait surtout chez le disquaire, un peu sur Skyrock et NRJ avec Dimitri From Paris mais à l’époque c’était interdit d’en passer à la radio. Le son acid était assimilé aux drogues, à un mouvement de fachos … Plein d’amalgames colportés à grande échelle par des mecs comme Dechavanne.

Dans le Sud on avait quand même quelques clubs axés rock new wave à Marseille et à Montpellier où on passait un peu de new beat, la version Européenne de l’acid – qui est aussi née accidentellement, en jouant un morceau de 45 tours à la vitesse d’un 33 tours.

 

Acid house to acid techno ?

Il y a plein de synthés qui se sont rapprochés du grain de la TB-303 et le son acid a évolué au fil du temps. La différence entre l’acid house et l’acid techno, c’est un pied plus techno, un rythme plus rapide … Chacun se réapproprie le son acid pour le rendre plus personnel. La différence entre l’acid house et l’acid techno est assez subjective, c’est comme quand on te demande d’expliquer la différence entre la house et la techno.

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Des personnes vont dire que certains morceaux d’acid house de Chicago sont en fait de la techno, d’autres vont dire que c’est de la house, d’autres que c’est carrément de la hardtek … Ça dépend du background musical.

La relève

L’acid revient régulièrement, ça fonctionne par cycles. Pour les 10 ans il y avait eu un gros buzz avec beaucoup de nouvelles productions acid house. En ce moment il y a un retour aux machines analogiques, il y a Roland qui sort de nouveaux synthés … Et de nouveaux artistes qui s’approprient ces instruments, comme Boston 168. J’ai pris une sacré claque dès leur 1er maxi avec le morceau Acid Morning. C’est une atmosphère, un morceau très progressif, un pied, une bassline qui vient au loin … Très spatial, ça me fait penser à de la trance un peu psyché mais vachement plus lente.

Un super voyage, ça m’a rappelé l’époque où j’ai découvert le son acid, j’ai eu la même réaction, je l’écoutais en boucle au casque, et encore aujourd’hui je ne m’en lasse pas. Il y a un gros travail sur les filtres, tout un mariage, un univers très personnel, et ils arrivent à chaque maxi à se renouveler. J’ai acheté tout ce qu’ils ont fait.

C’est marrant parce que cette année est le 30ème anniversaire de la naissance de l’acid music, et ce Club Cabaret avec eux tombe le 3/03 – comme la TB – c’est un joli clin d’œil.


Club Cabaret x X-Ray w/ Boston 168 (LIVE) & Jack de Marseille ce vendredi 3/03 au Cabaret Aléatoire
Prévente : 5€ sans frais chez Extend & Play, avec 1€ de frais sur Digitick (quantité limitée)
10€ sur place