[ITW] Carnet de Bord de Résidence : Requin Chagrin

Requin Chagrin

Lille, Bordeaux, Toulon, Marseille, Montpellier et enfin les Trans Musicales de Rennes ce week-end, depuis deux semaines Requin Chagrin sillonne les routes de France dans son van qu’il conduit lui même. Le groupe a fait une pause de deux jours au Cabaret la semaine dernière le temps d’une résidence, on est allé leur taper la causette.

Qui est Requin Chagrin ?

Marion : C’est un Requin un peu triste. Sinon on a Yohann Dedy aux claviers, Grégoire Cagnat à la basse, Romain Mercier-Balaz à la batterie et Marion Brunetto à la guitare et au chant.

Comment vous êtes vous rencontrés et est-ce que vous avez mis longtemps à écrire ce premier album ?

Marion : On venait tous d’endroits différents en France et on s’est rencontrés sur Paris. L’album s’est fait en quelques mois : la chanson Adelaïde a été finie fin 2014, les autres ont suivi entre janvier et avril 2015. J’ai ensuite fait un peu de mixage et l’album était fini en Juin 2015.

Vous composez ensemble ?

Romain : Presque tout est composé par Marion. Certains morceaux sont co-écrits avec les différents membres du groupe mais ça vient surtout de Marion.

Votre album est dispo gratuitement sur bandcamp. Pour vous ça n’a pas vraiment de sens de payer pour de la musique au format numérique ?

Grégoire : Si ça peut en avoir. L’album est dispo en téléchargement libre mais tu peux aussi l’acheter partout, sur internet, en magasin, en concert, en numérique, CD, vinyle … Tout est possible. Si tu peux nous soutenir et que t’en as les moyens, c’est comme tu le souhaites.

Marion : C’est aussi une façon de faire de La Souterraine, ils ont l’habitude de laisser des compils et des albums à prix libre.

Vous ça ne vous choque pas ?

Yohann : Non, ce n’est pas comme si on gagnait des masses d’argent avec les ventes de disques. Et je ne sais pas s’il y a un intérêt pour nous à ce que l’album soit payant pour qu’il soit écouté.

Romain : Sur internet on est sûrement plus visibles en étant à prix libre. Le but c’est d’être accessibles, aussi bien pour les curieux du net que les amoureux de support physique.

Pourquoi faire une pause de deux jours au Cabaret Aléatoire au milieu de cette tournée aux 4 coins de la France ?

Marion : En fait on a organisé ces dates pour justement venir faire la résidence ici, c’était un peu le point de départ, on a organisé les concerts autour. On n’avait jamais fait de résidence tous les quatre, c’est une première pour nous. C’est un moyen de travailler des choses qu’on n’a pas le temps, l’habitude ou la capacité de faire en répétition quelques heures le soir après le boulot. Ici on est dans les conditions d’une vraie salle de concert avec notre ingé son.

Romain : C’est aussi l’occasion d’avoir des avis extérieurs qui sont importants. D’habitude on travaille seuls et là il y a notre ingé son et notre tourneur et son ingé son. Avec leurs expériences ils ont des avis et des conseils intéressants à nous donner sur l’aspect technique, la scène …

Vous connaissez un peu la scène locale ? Il y a des groupes qui vous inspirent ?

Marion : Il y a Aline qui vient d’ici non ? Qúetzal Snåkes aussi je crois.

Grégoire : Chinese Man ils sont de Marseille aussi non ?

Oui, il y a aussi des artistes qui font de la surf music comme Johnny Hawaii.

Marion : Ah, je savais pas qu’il venait d’ici.

On vous range aussi souvent dans ce style mais j’ai lu une interview où vous dites  « On ne peut pas dire qu’on joue de la surf music». Pourtant le terme surf est marqué sur plusieurs affiches de votre tournée, vous vous êtes réconciliés avec cette étiquette ?

Yohann : Oh on a jamais été contre.

Romain : Ce qui est délicat c’est que d’un morceau à l’autre ça va évoquer des genres différents aux gens. Nous je pense qu’on n’arrive jamais à se définir clairement dans un style. Sur tout un set ou sur l’album tu as des morceaux plutôt pop, d’autre plus shoegaze, d’autre plutôt surf effectivement.

Yohann : Ceux qui nous écoutent sont libres de définir ce qu’on fait, nous on fait juste de la musique.

Marion : En tout cas ce n’est pas un crime de nous décrire comme surf pop. Il y en a qui se prennent la tête pour ça, pour qui chaque mot compte, moi je m’en fous. Quand on me demande « alors c’est quoi votre style ? », c’est un peu compliqué alors je donne toujours plein de termes.

Yohann : Je pense que ce n’est même pas à toi de le définir. Étiqueter la musique comme si tu voulais la vendre ce n’est pas ton boulot.

Grégoire : Chacun et chacune va entendre quelque chose de différent selon son passé musical. On a un spectre musical assez large – sans aller du rap au jazz – on va de la surf pop, au shoegaze en passant par le rock. Et en concert c’est encore autre chose parce qu’on a les synthétiseurs de Yohann, qu’on entend moins sur l’album, qui prennent vachement de place. On a encore de nouveaux éléments et ça devient limite noise à la fin du set.

 

Les deux précédents artistes qui étaient en résidence – Pyrit et Siska – ont des projets solo, et en interview les deux ont expliqué le challenge que c’était et le plaisir qu’ils avaient à faire de la musique tout seul. A contrario quels sont les avantages à faire de la musique en groupe ?

Marion : Ça permet de faire des blagues ! Et de ne pas devenir fou. Je ne sais pas si quelqu’un a déjà été seul sur scène ?

Grégoire, Yohann, Romain (unanime ): Non

Marion : Il faut être courageux je trouve, moi ça me ferait peur en tout cas.

Romain : Je pense que ça dépend des styles.

Grégoire : Tourner seul ça doit être lourd.

Marion : En tout cas dès le départ du projet je ne me voyais pas juste prendre un ordinateur ou des machines en complément de ma guitare et de ma voix. J’imaginais déjà un format groupe comme j’avais l’habitude de le faire.

Grégoire : C’était quoi les avantages qu’ils mettaient en avant ces artistes ?

Le fait de pouvoir développer leurs propres idées, la liberté qu’ils ont dans les choix artistiques.

Marion : J’avais fait vite fait un peu de musique avec un mec qui fait de l’electro qui s’appelle Fred, son nom d’artiste c’est Neue Grafik. Il sortait d’un projet avec d’autres copains et c’était le premier à me dire qu’il aimait bien être seul pour jouer quand il veut et ce qu’il veut. A l’époque j’avais trouvé ça un peu bizarre mais maintenant je comprends sa démarche.

Romain : Ils y en a qui aiment contrôler de A à Z tout ce qu’ils font, ça dépend des tempéraments et des types de projet.

Marion : Après tout seul tu peux aussi te perdre dans tes choix, te dire « ah mince je suis allé là mais je n’aurai peut-être pas du… ».

Grégoire : Tout seul tu n’as pas de gardes fous.

Yohann : Attention on peut faire de la merde en groupe aussi.

Grégoire, Marion, Romain : Ah oui !

Propos recueillis par Paul Herincx

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